Spiga

L'ATI marque un point contre la censure

La Cour de Cassation a acceptée aujourd'hui la demande de pourvoir en appel de l’Agence Tunisienne d’Internet concernant l'affaire de censure des sites pornographiques qui l'oppose à trois avocats.

Même si la Cour de Cassation pouvait casser le jugement sans renvoyer le procès devant une cour d'appel, ce jugement est une victoire en soi dans une affaire de fond pour la liberté plus que de forme morale.

En face, l'un des trois avocats a réagit d'une façon hypocrite insinuant que les juges étaient pour la pornographie et des pays comme l'Australie sont entrain d'appliquer la censure de ces sites ce qui est faux. Voici sa déclaration à la radio Shems FM.

Voici d'ailleurs le communiqué presse de l'ATI en versions arabe et française.




Une première victoire pour les défenseurs d'un web libre de toute censure, d'une responsabilisation éducative de la jeunesse et le souhait d'avoir un organisme garant de la neutralité du web et de l'accès à l'information.

Mais rien n'est encore acquis dans une Tunisie qu'on croyait libre depuis le 14 janvier mais de plus en plus coincée dans une guerre idéologique sur fond de lutte politique.



Vous serez partout ou nulle part

Quand toi cher lecteur tu suivais avec grande attention le moindre fait et geste de l'assemblée constituante, du gouvernement provisoire et les dérives de la société, il se passait de drôles de choses ces dernières semaines sur le web .. le web des "علمانيين حداثيين" et non le web des "الحقـــــــــــــــائق الخفيَــــــــــــــــــــة"





Google fait son marché chez Apple

Simon Prakash, responsable de la qualité des produits Apple depuis 8 ans, a été recruté par Google. L'accord de non-débauchage entre plusieurs sociétés de la Silicon Valley, notamment Apple et Google, n'est donc plus d'actualité.

Google serait il entrain de préparer une tablette ?

Google TV revient ..

En 2010, Google TV plateforme internet accessible depuis la télévision par un dispositif informatique utilisant le système d'exploitation Androïd, a connu un échec retentissant ayant été jugé compliqué et assez cher par le grand public, et envahissante par les grandes chaînes TV américaines qui lui ont refusés la diffusion de pas mal de contenus.



Deux ans plus tard, Google semble avoir compris la leçon. Il parait que que tous les contenus disponibles sur Youtube, et bien entendu le partage des revenus publicitaires avec les ayants droits, le seront sur l’ensemble des supports digitaux : web, mobile, tablette etTV . Google a donc contourné le boycott imposé par les médias ricains.

يا نعيشو عيشة فل ..

Facebook paie des hackers

Depuis août dernier, Facebook a déboursé 190 000 dollars à différents hackers sous forme de récompense en fonction de l'importance de la faille de sécurité découverte dans le réseau social. Ces pirates "éthiques" renoncent à leurs découvertes en échange d'un minimum de 500 dollars et d'une garantie de non poursuite en justice .

Et c'est Neal Poole qui a causé le plus de soucis à Zuckerberg et empoché le plus de like sous forme de bugs : 15 au total pour une rémunération tenue secrète, mais ne se prive pas d'en parler sur son blog une fois le soucis réglé sur Facebook.

Il parait aussi que ce hacker américain a décroché un stage au département sécurité de Facebook .. fuckness !


Myspace is back ?

Sortirait-il la tête de l'eau ? Racheté en juin dernier pour 35 millions de dollars à Rupert Murdoch qui l’avait payé 580 millions en 2005, MySpace aurait recruté un million de nouveaux utilisateurs selon Tim et Chris Vanderbrook, ses nouveaux propriétaires, grâce à l'introduction en décembre d'un nouveau player.

Les nouveaux propriétaires de la plateforme ont abandonné la compétition "sociale" contre Facebook pour se recentrer sur le créneau musical du site, privilégiant la forme d'une communauté de musiciens et autres mélomanes.

Aujourd'hui, MySpace propose 42 millions de titres à l'écoute ..


Il ne fait pas bon e-vivre en France

En effet, les premiers dossiers des internautes ayant reçu plusieurs avertissements de l’Hadopi ont été transmis aux différents procureurs de la République. Ces derniers devront ensuite apprécier si l’affaire doit être relayée ou pas au juge pour « manquement à l’obligation de surveillance de l’accès à Internet ».

Les "fautifs" risquent un mois de suspension à leur connexion internet et une amende pouvant aller jusqu’à 1 500 €

#Sarkocasuffit


Twitter : l'équipe Sarkozy admet avoir signalé des comptes

On reste en France où les prochaines élections s'annoncent serrées et pleines de coups bas aussi bien sur le terrain que sur ... Twitter. @fhollande en est à plus de 166 000 abonnés (un peu plus de deux ans) alors que @NicolasSarkozy est à plus de 90 000 abonnés après quelques jours seulement. Une performance pour l'équipe Sarkozy mais qui a décidé de ne pas s'en contentait.

En effet, un membre de l'équipe Web du président sortant a admis avoir signalé par l'intermédiaire d'un formulaire en ligne les comptes parodiques reprenant le nom du candidat comme @_nicolassarkozy ou @SarkozyCaSuffit fraichement crée et tout aussi rapidement censuré alors qu'il respectait les CGU de Twitter.

#TwitterBlackout ?



Le Web continue cependant de drainer les investissements publicitaires en France

- Hausse de 7,6% des investissements publicitaires sur Internet
- La publicité en ligne représente près de 12,5 % des investissements publicitaires
-Près de 5 000 annonceurs ont utilisés le web dont les 2/3 ont combinés le Diplay avec un autre média au moins।
-Le couple télévision-web poursuit sa croissance grâce principalement à la vidéo। L’an dernier, 690 annonceurs ont utilisé ce format publicitaire, dont 20 % sont issus de la grande consommation.
Selon le baromètre IAB-SRIKantar Media & Le Figaro







Filtrage du web : vers un retour en arrière ?

Comment faire pour défendre la neutralité du net et libérer complètement le marché du web quand la censure immorale, l'absence de cadre juridique et la pression politique vous guettent ? Le tout dans un désintérêt coupable des fournisseurs de services Internet (FSI), eux qui ont un début de solution à ce faux problème.

Mai 2011, le tribunal de première instance somme l'Agence Tunisienne de l'Internet d’interdire l’accès aux sites pornographiques suite à une plainte déposée par trois avocats. Voulant couper court à toute forme de censure et se positionner comme étant un organisme neutre et garantir donc la neutralité de l'Internet, l'ATI décide de faire appel.

Août 2011, la cour d'appel confirme la décision et le jugement du tribunal. Le filtrage ou la censure revient très cher et l'ATI ne dispose plus des moyens techniques et financiers mis à disposition par l'ancien régime pour appliquer cette décision dont le coût a été estimé par des experts à 16 millions de dinars par an.  L'agence a dû se pourvoir en cassation.

La décision de filtrer ou non sera rendue durant ce mois de février. Les répercussions seront graves si la plus haute juridiction du pays venait à statuer en faveur des trois plaignants.

Un précédent juridique risqué

Pour mettre le texte dans son contexte, juridiquement aucune loi ne régit le domaine de l’internet du côté utilisation et contenu, en Tunisie ni même de savoir qu'est ce qu'il faut censurer exactement.

Il est donc inquiétant de constater que les juges se sont basés sur une perception morale subjective et une méconnaissance du dossier et de la situation propre au web au lieu de se baser sur ce que dit la loi. Pire encore, la justice tunisienne dans un élan d'absurdité a transféré son pouvoir décisionnaire et exécutif à l'ATI pour lister les sites à caractère pornographique et les censurer.

Une fuite en avant qui pourrait s'avérer désastreuse pour le web, l'économie numérique et la société tout court. Tout contenu web pourra être exposé à la censure, il suffit juste de trouver le "bon" prétexte au vu de ce vide juridique.

Il n'existe point de filtrage efficace

En effet, toutes les techniques et les solutions disponibles et applicables ne permettent pas un filtrage efficace du web. Des sites d'informations peuvent subir la conséquence de cette décision comme les sites de santé, ou même des réseaux sociaux. Imaginez un instant un filtrage qui toucherait Facebook !

De plus, la connexion internet sera moins fluide pour cause de filtrage mais aussi d'utilisation de techniques de contournement comme les proxys qui alourdissent considérablement la connexion.

L'éducation a un prix

Il est clair que ce sont les enfants qui sont les plus concernés par ce filtrage dans un but de protection. Mais est-ce la bonne solution d'interdire au lieu de prévenir ? De censurer au lieu d'éduquer ? De jeter tout cet argent par la fenêtre au lieu de les investir dans la construction d'écoles dans les régions défavorisées ?

D'autre part, l'application du filtrage aura pour conséquence directe une hausse des prix des abonnements et un risque de voire les fournisseurs de service internet perdre des clients.

Les FSI eux aussi sur le banc des accusés ?

Les fournisseurs de services Internet sont aussi pointés du doigt. L'implication timide des uns et l'absence d’intérêt total des autres nous laisse perplexe, eux qui sont censés monter au créneau pour défendre la neutralité du web, la libre circulation de l'information, l'accès aux différentes plateformes vidéos qui leur servent de moyens de promotion, et surtout, promouvoir le moyen le plus efficace pour protéger nos enfants des sites pornographiques : les logiciels de contrôle parental.

A ma connaissance, seul Hexabyte a mis en avant ce service dans ces dernières campagnes publicitaires. Tunisie Telecom s'est a apporté son soutient lors d'une conférence de presse mais sans suite après, Orange se contente d'une note sur son site web alors que GlobalNet ne propose même pas ce service.





Et dire que ces sociétés consacrent des milliers de dinars pour leurs budgets de communication. Une action de sensibilisation collective n'aurait pas été de refus, ont-ils peur d’investir ou d’être responsables vis-à-vis de leurs clients ?

Voilà donc où nous en sommes réduits après un peu plus d'un an de l'après révolution. Une décision favorable à la censure sera perçue comme une atteinte aux libertés individuelles et un retour en arrière. L’accès à Internet comme étant un droit fondamental dans la nouvelle Constitution risque de rester un simple rêve. 


Article paru sur le journal Tunis Hebdo - Rubrique Webdo


Tunisie : projets de constitution en attendant le bon

Plus de trois mois après les élections de l'Assemblée Constituante, le travail concernant la rédaction, le débat, le vote et la soumission au peuple de la deuxième constitution de l'histoire du pays n'a pas encore été entamé.

Entre temps, des propositions et des projets de constitution ont été proposés, avant et après le 23 octobre, par divers acteurs de la société civile et des partis politiques et qui serait bon de les rappeler par ordre chronologique.



















Mise à jour le 21 Février 2012



Qui censure au nom de quoi ?

L'année 2012 a connu un début assez mouvementé avec une volonté réelle de contrôler l'information ainsi que des pressions politiques et des tentatives d'intimidations physiques, pour "censurer".

En attendant la reprise d'ici quelques jours du procès à l'encontre de l'Agence Tunisienne de l'Internet concernant la censure des sites pornographiques, voici un bref récap de ce qui s'est passé le mois dernier.

Le samedi 7 janvier, le chef du gouvernement provisoire Hamadi Jebali annonce la nomination de nouvelles personnes à la tête des médias publics sans consulter le Syndicat National des Journalistes Tunisiens (SNJT) et l’Instance Nationale pour la Réforme de l’Information et de la Communication (INRIC) qui travaillent depuis des mois sur la question de la réforme du secteur de l’information, ni même ses alliés le CPR et le FDTL.

Décision unilatérale qui a provoqué un malaise au sein de ce secteur très sensible avec en prime certains nominés qui faisaient partie de l’ancien système, confirmant ainsi les déclarations faites fin décembre par Rached Ghanouchi et Jebali concernant la nécessité d'avoir des médias gouvernementaux pour le bien du pays (communication positive) et assoir la volonté du peuple (légitimité des résultats des élections)

Vidéo de Ghanouchi sur Pinklemonblog.com

Coup d'état médiatique pour les uns, volonté réelle de réorganiser ce secteur pour d'autres, cette décision s'apparente pour l'instant à de la censure malgré l'annulation de certaines nominations quelques jours après.

Dans un registre autrement plus hypocrite et caméléon, les déclarations de Moncef Marzouki au sujet de la censure sur internet pendant la période des élections puis une fois devenu Président provisoire de la République, et le revirement constaté.

Cette vidéo comparative, réalisée par l'équipe de Nawaat qui s'est basée sur les déclarations données en octobre à MalissOnline et au début du mois dernier à Taieb Moalla, le prouve.




Vers la moitié du mois de janvier, Jawher Ben Mbarek professeur de droit constitutionnel et leader du mouvement indépendant « Doustourna », reçoit des menaces de mort et pointe directement du doigt une mouvance politique auquel son discours ne plait pas.




Haythem El Mekki, blogueur converti au journalisme, a eu son lot de menaces de la part de "رئيس جمعية دار الحديث الزيتونية" suite à une de ses chroniques qualifiée comme une atteinte à l’islam et une déclaration de guerre contre les musulmans.




La deuxième moitié du mois de janvier a été marquée par la reprise du procès à l'encontre de Nabil Karoui et de sa chaine Nessma TV suite à une plainte déposée par 140 avocats pour « atteinte aux bonnes mœurs et aux valeurs du sacré » après la diffusion début octobre du film iranien Persepolis qui comprend une scène de quelques secondes où Dieu est représenté.

Les avis sont partagés avec d'un côté les défenseurs du sacré et d'une ligne rouge qu'il ne faut pas outrepasser même au nom de la liberté d'expression défendue par l'autre partie moins nombreuse.

Ce qui est sûr c'est que ce fait a été instrumentalisé à des fins politiques et a provoqué une réaction vive de la rue, contrairement à 2009 où la projection du film dans les salles de cinéma est passée inaperçue.





Devant le tribunal, Zied krichen rédacteur en chef du journal "Le Maghreb" et Hamadi Redissi journaliste et prof universitaire ont été agressés physiquement et traités, entre autres, de mécréants par une frange salafiste venue manifester contre la chaîne.



Cette fois ci, Hamadi Jebali et Ennahdha ont rapidement condamnés ces violences et le timing du procès.




Les librairies n’ont pas aussi été épargnées et deux d’entre elles ont reçues des intimidations et des menaces directes. La première, vraisemblablement Clairefontaine, parce qu'elle vendait
des ouvrages chiites, et la deuxième la librairie Mille Feuilles à cause d’un livre en vitrine dont la couverture représentait des femmes nues aux bains.

Dernier fait en ce mois de janvier celui relatif à Haythem El Mekki, encore lui, qui a été écarté de l'émission "حديث الساعة" pour ses prises de position politiques sur ses comptes sociaux. Une censure décidée par le Directeur de la TTN1 Sadok Bouaben, fraichement nommé par Jebali.




Bref, nous sommes "libres jusqu’à quand ?"


Source : Ajidoo.com